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NOUVELLE MISE A JOUR LE 15 avril 2014

jeudi 14 janvier 2010

Le 52e R.I. en Champagne

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BATAILLE DE CHAMPAGNE
(25-28 septembre 1915)

Le 7 août, le 14e corps est relevé dans la Somme; le 12, le régiment débarque à Saint-Hilaire-au-Temple. Le 52e va participer à la grande offensive de Champagne, le 25 septembre. Jusqu'à cette date, il s'emploie tout entier aux pénibles préparations d'attaque.
Le 25, à 6 h 30, le dispositif est le suivant : deux bataillons en première ligne, le 2e à droite, le 3e à gauche, le 1er bataillon en deuxième ligne. Chaque bataillon en colonne double formant vagues, tout le monde devant s'ébranler à la fois à 9 h 15. Le front du régiment mesure 180 mètres entre les entonnoirs 83 à 86 de la tranchée du Rhin. Des gradins de franchissement avaient été prévus dans les premières parallèles et des ponts légers placés sur les sapes et leurs ramifications.
La préparation d'artillerie commencée depuis trois jours se termine par un redoublement d'activité.
A 9 h 15, sur toute la ligne, les clairons sonnent la charge ; la musique du régiment massée dans la troisième parallèle, joue la Marseillaise, et le régiment d'un seul bloc, débouche en trombe, drapeau déployé, dans les lignes ennemies.
Les survivants de cette marche unique n'oublieront jamais le spectacle grandiose de ces lignes mouvantes, avançant résolument dans un terrain bouleversé, à travers les obstacles qui se dressent à chaque pas ; car ce terrain où l'on marche n'est qu'une succession de trous d'obus qui se touchent et partout un amas de fer tordu, de ronces artificielles qui s'enroulent autour des jambes. Il est presque impossible de marcher sans glisser, sans tomber, sans déchirer ses vêtements, sans se meurtrir. On tombe et on se relève aussitôt. Chacun se sent soulevé par ce grand souffle qui secoue les cœurs et tend toutes les énergies. L'artillerie ennemie de tous calibres fait rage et les obus qui tombent à travers les masses compactes produisent des trouées sanglantes. Ici et là ce sont 10 ou 15 hommes tués ou grièvement blessés ! La marche n'en est pas ralentie.
Les premières lignes allemandes (tranchées du Rhin et du Danube), absolument bouleversées par notre bombardement, sont franchies sans encombre et sans pertes sensibles.. Elles sont barrées et leurs défenseurs mis hors de combat par nos équipes de nettoyeurs.
La grande organisation de deuxième ligne (tranchée d'York) n'offre pas de résistance sérieuse. Par l'impétuosité de son mouvement, le régiment échappe au tir de barrage de l'artillerie allemande ; il fonce résolument vers le nord pendant que le 415e R.I., qui a débouché derrière lui, se répand sur sa gauche jusqu'à proximité du trou Bricot. La progression se poursuit sans rencontrer une trop vive résistance de la part de l'infanterie ennemie dans la zone des batteries de première ligne. Ces batteries opposent à notre mouvement un feu nourri. Le régiment, en avance sur l'horaire arrêté d'accord avec les batteries chargées de l'appuyer, est contraint à de nombreuses reprises de faine allonger le tir du 75 qui gêne parfois, nos troupes. Deux batteries de campagne de 77, une batterie de 105 sont enlevées à la baïonnette. Les artilleurs ont mieux tenu que les fantassins, plusieurs sont encloués sur leurs pièces. Le régiment fait de nombreux prisonniers.
La progression continue encore aussi rapide jusqu'à la voie du Decauville qui est dépassée ; le régiment s'empare d'une nouvelle batterie lourde et s'engage résolument sur les pentes de la cote 193. Là, il se heurte à une organisation défensive importante (tranchée de la Butte de Souain et de la Vistule) armée de mitrailleuses. Les fantassins allemands ressaisis fusillent nos hommes. Une batterie ennemie, tirant du nord-est, exécute des tirs de barrage dans le vallon sud 193. Les troupes de gauche retardées dans leur mouvement par l'organisation du trou Bricot, celles de droite par le point d'appui de Tahure, nous laissent en saillant sur la ligne de combat. Cependant la progression est sur le point de s'organiser par la droite (vallon du Decauville) lorsque l'ordre arrive de s'arrêter et d'organiser le terrain conquis.
Le régiment a avancé de 4 kilomètres en moins de deux heures ; il s'établit : sur la cote 193 et creuse des tranchées. Les pertes en officiers comportent 4 tués capitaine MOUREN, lieutenant PICARD, sous-lieutenant CHABAS et sous-lieutenant FLACHAIRE DE ROUSTAN ; 14 blessés.
La mort du capitaine MOUREE est particulièrement émouvante. Cet officier connu pour son héroïsme, est parti avec les premières vagues de façon à chercher d'utiles emplacements pour ses mitrailleuses. Il marche un mousqueton à la main, et s'élance à l'abordage d'une batterie de campagne pour faire prisonnier le personnel ; un officier allemand qui s'est ressaisi, le tue en déchargeant sur lui son revolver à bout portant ; il est lui-même tué aussitôt.
Le 26 septembre, dans la matinée, tir violent de l'artillerie ennemie qui prend d'enfilade les pentes sud 193. Le régiment et la ligne renforcée par le 140e et le 416e se reportent à l'attaque des positions allemandes. L'assaut se déclenche malgré un barrage intense et la ligne descend dans le bas-fond nord 193 où se trouve une tranchée qui est franchie et nettoyée, puis on part à la cote 201. Un fortin ennemi garni de mitrailleuses prend d'enfilade le mouvement, ce qui provoque un rabattement à l'est dans le bois 30. De nouveau la ligne repart à l'assaut et se trouve arrêtée au milieu du jour devant les fils de fer intacts de la défense.
Le lendemain 27, avec les unités mélangées sur le front de la division, il est formé plusieurs groupements (BEUVELOT, PEILLARD, FAES).
Les 1er et 2e bataillons, sous le commandement du lieutenant-colonel POUSSEL, reçoivent la mission de s'emparer des tranchées 193 et de s'y installer solidement. Le 3e bataillon (groupe FAES), reçoit l'ordre de marcher à l'attaque de 201 par le nord-ouest, en prenant comme axe de marche la voie du Decauville. L'attaque fixée à 14 heures est retardée jusqu'à 16 heures pour permettre la destruction par l'artillerie des défenses accessoires. Les mitrailleuses et les tirs de barrage font subir de grosses pertes et contraignent les trois bataillons à s'arrêter à proximité des fils de fer de la défense trouvés intacts. Devant l'impossibilité d'enlever une position aussi solide, les 2e et 3e bataillons sont ramenés dans la tranchée sud 193, pendant que le 1er bataillon réussit à maintenir quelques éléments à proximité des tranchées ennemies.
A 17 h 30, un obus tombe sur le P. C. du colonel, tuant le lieutenant-colonel POUSSEL qui commandait le régiment depuis le 20 septembre et blessant son adjoint, le capitaine COSTE.
Le commandant CONFORTINI prend le commandement du régiment ; il est nommé lieutenant-colonel le 7 octobre.
Les pertes de ces trois jours de bataille ont été lourdes : officiers : 5 tués, blessés 26 ; troupe : 85 tués, blessés 569, disparus, 203.
Le général DE CASTELNAU cite le 14e corps à l'ordre des armées, le 29 octobre. Le 30, le général PÉTAIN cite le 52e à l'ordre de l'armée.


Source Historique du 52e R.I., IMPRIMERIE BERGER LEVRAULT
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