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NOUVELLE MISE A JOUR LE 15 avril 2014

vendredi 8 janvier 2010

Le 94e R.I. en Argonne (2)

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ARGONNE 1915

Le 3 mars, trois fourneaux de mine sautent sous les positions de Blanloeil et Fontaine-aux-Charmes.
L'ennemi s'empare de deux cents mètres de tranchées. Avec des éléments du 162e, le 1er Bataillon (Darthos) chasse à la baïonnette les Allemands de la position. Le Sous -Lieutenant Migeon (Tué le 13 Juillet 1915), au signal donné, s'était précipité en tête d'une Compagnie sur les tranchées occupées par l'adversaire, l'en avait chassé, avait retourné immédiatement la tranchée contre les Allemands s'y maintenant pendant la contre attaque sous un lancement de bombes d'une violence rare, et ne battait en retraite que le dernier, facilitant la rentrée dans les lignes de quelques hommes encore valides.
Le Général Deville, commandant la 84e Brigade, en prenant quelques jours plus tard le commandement de la 42e Division, disait dans son ordre du jour que le Bataillon Dathos, du 94e, avait couronné le succès. Des prisonniers allemands confirmèrent que dans leurs rangs se trouvaient des équipes spéciales, devant faire fonctionner des pompes qui lançaient un liquide enflammé. Avec la mobilisation des produits chimiques, la flamme allait s'ajouter à la diabolique invention des gaz asphyxiants.
Stéphane, gravement blessé, fait preuve d'un stoïcisme et d'un courage superbe, encourageant ses camarades et disant à tous : « Ça ne fait rien, je suis toujours Stéphane ! » (Mort des suites de ses blessures).
Le 13 mars, le Régiment est à nouveau à Marie -Thérèse, le ravin du Mortier et Fontaine -Madame.
Le 7 avril, il est à Saint-Hubert ; le 13, au ravin des Meurissons, où il repousse, toujours avec la même abnégation, une attaque le 24 avril et une autre le 1er mai, contre-attaquant à deux reprises différentes.
Du 8 au 31 mai, les Allemands font des attaques renouvelées sur les tranchées de Bagatelle. Les mines explosent, de part et d'autre ; mais, grâce aux nombreux héros que fait naître chaque affaire, l'ennemi n'obtient aucun résultat appréciable. Nous citerons, à titre d'exemple, les plus beaux parmi ces hauts faits :
Le Sergent téléphoniste Toupin, blessé grièvement à la gorge et perdant abondamment son sang, ne veut pas se laisser emmener avant d'avoir donné au Chef de Corps toutes les indications pour la remise en état du réseau.
Le soldat Rousselet se précipite sur une bombe à ailettes qui vient de tomber au milieu de sa section et réussit au péril de sa vie à en arracher la mèche, sauvant ainsi ses camarades d'une destruction certaine.
Les soldats Vannier et Francesconi, pendant un combat de nuit, restent à leur poste toute la nuit quoique blessés et ne sont évacués que le lendemain, sur l’ordre formel de leur chef de section. Le Lieutenant Lavignon donne à ses hommes l'exemple du sang-froid et du mépris de la mort : commotionné par l'éclat d'un pétard, il ne songe pas un instant à quitter son poste d'honneur à l'endroit le plus exposé.
Le soldat Parizet, projeté en l'air par l'explosion d'une mine, reste deux heures sous le feu d'une mitrailleuse qui tire sur lui à chaque mouvement, se met enfin debout en criant : « Après tout, on ne meurt qu'une fois ! » et retombe dans les bras de ses camarades. Le soldat Morin, ayant le bras droit enlevé, s'écrie: « Je veux encore lancer un pétard ! » et ne part qu'après l'avoir lancé (Ont été citées en outre pendant cette période : Les Équipes de Bombardiers des 1re, 3e, 4e et 12e Compagnies)
Après cette pénible période, pour la première fois, le Régiment, qui vient de montrer toute sa valeur en face de situations parfois critiques, profite, du 11 au 15 juin, d'un vrai repos à Moiremont, les Hauts-Bâtis et la Croix-Gentin.
Le 16 juin, il remonte à Beaumanoir et arrête deux violentes attaques le 17 et le 20.
Le 30 juin, les Allemands déclenchent une violente offensive sur tout le front de l'Argonne, de Verdun à la Champagne. Après un bombardement violent par obus de tous calibres et obus toxiques ils sortent des tranchées vers 7 heures et prennent trois lignes successives à Bagatelle. L'attaque a été si subite que les Chasseurs, en soutien, sont surpris.
Le 94e, qui avait été relevé la veille, est alerté. II part de suite et contre-attaquant avec énergie, arrive à dégager les Chasseurs. La route de Sainte-Menehould était ouverte à l'ennemi, mais l'intervention du 2e Bataillon, sous les ordres du Commandant Boulet-Desbareau, contre-attaquant de flanc, rétablit la situation et permet de reprendre les troisième et deuxième lignes. Le Colonel Escalon, commandant la 83e Brigade, est tué à son poste de commandement.
Les 1er et 2 juillet, la lutte continue et des attaques permettent de reprendre certains éléments de tranchées, en dépit des plus sérieuses difficultés, grâce tout spécialement au dévouement des mitrailleurs : deux d'entre eux, les soldats Reverchon et Walinthout, inspirent à leurs camarades le calme nécessaire dans la circonstance. Entourés par l'ennemi, ils continuent à tirer sur les colonnes d'attaque, réussissent à dégager leurs pièces et à reprendre le tir sur une nouvelle position. Sommé de se rendre prisonnier par les Allemands qui lui crient : « Eh ! monsieur, camarade, prisonnier ! » ; Walinthout répond : « Ta gueule, eh! con ! » et continue à servir sa pièce. Un Caporal mitrailleur, Bégat, fait en ligne le ravitaillement en munitions et en eau ; les chevaux étant fourbus, il continue à assurer le transport à dos pendant toute la nuit.
Le 6 juillet, le Régiment est relevé et mis au repos à Florent. Il remonte en ligne le 13. A peine est-il arrivé qu'un bombardement violent commence.
Le 14, à 8 heures, les Allemands se lancent à l'assaut des lignes devant Marie -Thérèse et le ravin du Mortier, de part et d'autre de la route de Saint-Hubert. La première ligne est enlevée sur toute sa longueur et une fois de plus le Régiment contre-attaque et les Compagnies, dans des attaques partielles, essayent de reprendre le terrain perdu, mais n'y réussissent que sur certains points, grâce à la valeur et à l'initiative des Chefs.
Le Capitaine Lecaplain, atteint de trois blessures au début de la campagne et dans l'impossibilité de se servir de son bras, se fait remarquer par sa bravoure et l'habileté qu'il montre dans le commandement d'une Compagnie de mitrailleuses.
Le Lieutenant Ragot (Tué le 25 septembre 1915) et le Sous-Lieutenant Sancier conduisent brillamment les attaques de leurs Compagnies et réussissent à reprendre des tranchées occupées par l'ennemi, malgré des feux violents de mitrailleuses et des tirs intensifs de pétards et de bombes.
La 1re Compagnie est citée à l'ordre de l'Armée (Citation de la 1re Compagnie du 94e R.I :
« Le 13 juillet, chargée d'attaquer une partie de tranchée occupée par les Allemands, a enlevé cette tranchée après un combat des plus violents, malgré les pertes subies ; le Capitaine Tranchand a assuré la garde et la remise en état de la portion de tranchée conquise, maintenu la liaison avec les éléments voisins et conservé cette position pendant les journées des 14 et 15 juillet, sous un feu continu de bombes et de pétards »).
Le 17 juillet, le Régiment, relevé, est en réserve, au repos à Vieil-Dampierre et Bournonville.
Le 30, il est embarqué en chemin de fer et débarqué à Saint-Hilaire-au-Temple.


Source Historique du 94ème RI (Anonyme, A. Collot, 1920)
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