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NOUVELLE MISE A JOUR LE 15 avril 2014

lundi 28 juin 2010

Le 24ème Régiment de Dragons, la course à la mer

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L'YSER ET YPRES

Par dures et longues étapes, la Division longe le front, tout entier stabiliser, et monte vers la mer. Elle se groupe vers WATTOU, en réserve d'Armée.
Dans la nuit du 31 Octobre, à l'appel de la Cavalerie Anglaise, elle s’installe à pied dans des trous, pompeusement baptisés « Tranchées » en avant du canal de L'YSER, devant SAINT-ÉLOI et le parc du château d'HOLLEBECKE. Il faut, coûte que coûte, couvrir YPRES en attendant l'arrivée de l'Infanterie, et tenir 24 heures « jusqu'au sacrifice absolu ».
Appelées à renforcer les éléments déjà en ligne des 1er et 3ème Dragons, les unités 24ème Dragons se mettent en place, en plein jour, à découvert, le 1er Novembre, vers 10 heures.
En face, c'est la Garde Bavaroise ; le Kaiser est là, dit-on, qui veut faire dans YPRES, au plus tôt, une entrée solennelle.


Tranquillement, froidement, aveu leurs casques à crinières flottantes, leurs longs manteaux à pèlerines et leurs lances à défait de baïonnette, sans outils, les gars, de BRETAGNE sautent dans les trous à peine ébauchés. Ils tiennent tout ce jour sans ravitaillement, épuisant lentement leurs munitions ; toute la nuit ; ils tiennent encore le 2 au matin, lorsque, sans cartouches, débordés à droite et à gauche, pris d'enfilade, mitraillés à bout portant, sous une pluie de shrapnels, leur parvient l'ordre de repli devant l'attaque de grand style qui se déclenche ; ils se replient enfin, pas à pas, par échelons, sur un glacis impitoyablement battu.
Les pertes sont cruelles, mais le Boche ne passera pas, car il est « servi » par une Brigade de Chasseurs à Pied arrivée la veille et retranchée hâtivement en avant du pont tournant du canal. Lorsque, dans l'après-midi du 2, le commandement, justement inquiet, envoie un Régiment de Marche reprendre à tout prix ce point capital, son Chef trouve, derrière la berge du canal, les Dragons du 24ème épuisés, décimés, mais résolus, en réserve de feu sur ce pont que l'on croyait perdu.
Il fallait tenir 24 heures : ils avaient tenu 48 heures.
Les pertes étaient dures : le Capitaine De LESTRANGES, les Maréchaux des Logis KERLOCH et De MONS, les Brigadiers ROUX et La BRUYÈRE tués ; les Lieutenants FAUQUET et de LANGLE grièvement blessés. Les actes de bravoure étaient aussi nombreux qu'à l'ordinaire ; les Ordres N°9 et 61 du Régiment sanctionnent les plus vaillants. Divers Ordres de l'Armée, postérieurs en date, attribuent les récompenses suivantes : la Croix d'Officier de la Légion d'Honneur au Colonel GEOFFROY, celle de Chevalier aux Lieutenants FAUQUET et de LANGLE ; la Médaille Militaire aux Maréchaux des Logis CLAUX et NAVARRE, au Brigadier ROUX ; la Croix de Guerre avec palme au Capitaine De LESTRANGES, au Maréchal des Logis KERLOCH. Chacun avait fait tout son devoir.
De Retour au bivouac de KREUSTRAALHOËCK, après une nuit de repos, on fait encore appel aux Cavaliers. Pour renforcer et soutenir l'Infanterie harassée ; on demande par Escadron : 2 Officiers, 2 Sous-officiers et 6 Brigadiers ou Cavaliers volontaires ; on en trouve vingt. Il suffit de se transformait en simple « poilu ». Ceux qui furent les acteurs de cette heure poignante, ne l'oublieront jamais.


Dans le silence lourd de tristesse que troublait seul l'éclatement proche des 150, on procède au lugubre et glorieux travestissement. On arrache fiévreusement insignes et grades et galons, on retrousse les manteaux dans les pèlerines desquelles on taille des bandes molletières, on recouvre avec des cravates bleues les calots noirs à liserés blancs, on entasse en deux musettes 2 jours de vivres et 200 cartouches. Une dernière et longue poignée de mains aux Chefs et aux camarades dont les yeux se mouillent, et
« à Dieu vat »,
pour l'honneur de l'Arme.
Le sacrifice ne devait pas s'accomplir ; le détachement fut rappelé avant d'avoir atteint les lignes.
Du 1 au 15 Novembre, ce fut pour le 24ème, dans la nuit glacée, sous l'éternelle pluie et par la boue gluante des Tranchées de KORTEKER, de PILKEN, de LANGEMARCK, de pénibles relevés, où l'on tint au coude à coude avec d'admirables « pépères », des « gars de chez nous » d'ailleurs, têtus, tenaces et rudes comme les chênes de leurs talus.
L'Ordre N° 20 de la Division adressait à tous les félicitations du Général Commandant la VIIIème Armée pour les services rendus par la 9ème D. C. du 30 Octobre au 15 Novembre.

Sources :
Historique du 24ème Régiment de Dragons (Imprimerie Berger-Levrault)
La Guerre Documentée n° 11

Avec l’aimable autorisation de Jean-Luc Dron

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