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NOUVELLE MISE A JOUR LE 15 avril 2014

samedi 22 janvier 2011

COUP DE MAIN ALLEMAND


1ère D.I
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Etat-Major
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3e Bureau
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N° 1084/3
P. C., le 14 septembre 1918

COMPTE – RENDU
DU COUP DE MAIN ALLEMAND
du 12 SEPTEMBRE Sur l’ H .W. K.

I) Vers 18h 45, l’ennemi a déclenché un bombardement violent :
1) Par minen sur les G. C. de 1ère ligne du quartier MOYRET – ROCHETTE (occupé par la 1ère Cie du 1er R.I.) et sur la position COURTINE – PAU ; (Lieutenant TRANCHANT).
2) Par obus sur les mêmes points, sur le SILBERLOCH, sur les voies d’accès de l’H. W. K.

Dès le début du bombardement, le P. C. COURTINE a été entièrement démoli par un minen : le Lieutenant TRANCHANT, Commandant le P. A. H. W. K. a été tué avec tout son personnel de liaison : par suite toutes relations avec le P. C. du Q. MOYRET – ROCHETTE (P. C. MEUDON) ont été rompues.

Vers 19h 45 l’ennemi a allongé son tir et attaqué la G. C. TISSOT (troupe ennemie de 80 hommes environ).
Les autres G. C. non attaquées, ont ouvert le feu sur les assaillants : les mitrailleuses du MOLKENRAIN sont également entrées en action.
L’attaque ennemie réussit à enlever le G. C. TISSOT, où 1 caporal et 8 hommes ont disparu..
Le bombardement a causé de très grands dégâts matériels : plusieurs abris et boyaux ont été complètement démolis. Le déblaiement commencé de suite après l’occupation a permis successivement de retrouver 11 tués – 3 hommes disparus (qui ne se trouvaient pas au G. C. TISSOT) doivent être encore ensevelis.

II) Dès le début de l’action, la Cie de réserve du Q. MOYRET – ROCHETTE (Cie du Camp PIERRE) avait été alertée et s’était reliée à la Cie du P. A. de l’H. W. K. par patrouilles.

III) Le plan d’emploi prévu pour l’artillerie a été exécuté normalement. Aux signaux convenus faits par la première ligne et par le P. C. du Chef de Bataillon., ont été déclenchés la C. P. normale, puis le barrage à 18h 50.

La C. P. O. normale fut exécutée par l’A. L. devant le secteur MOYRET – ROCHETTE (172 coups de 155 de 18h 50 à 19h 15).
A 19h 5, le Q. SICURANI demandait la C. P. O. par fusées : la C. P. O. éventuelle fut exécutée de 19h 5 à 19h 30 (249 coups de 155, 48 coups de 95).
A 19h 45, à la demande du Commandant du S/Secteur B. l’artillerie de campagne déclenchait une C. P. O. sur le secteur de l’H. W. K. (de 19h 45 à 20h, 450 coups d’A. C.)

IV) Les pertes totales se montent à : 11 tués (1 officier, 1 aspirant et 9 hommes) 2 blessés, 12 disparus (dont 1 caporal et 8 hommes vraisemblablement disparus du G. C. TISSOT).

En résumé, l’attaque ennemie qui nous a causé des pertes sensibles, a été très violente, préparée et appuyée par un bombardement extrêmement vif.

L’artillerie a prêté son concours à la défense dans la plus large mesure. Tous les G. C. ont été réoccupés après l’attaque ennemie.

L’adversaire a mis en œuvre une artillerie considérable, agissant sur une surface notable – toute la pente Ouest de l’H. W. K., le col qui réunit le H. W. K. au MOLKENRAIN, et les premières pentes de ce dernier vers l’Est (Camp de PIERRE), prolongeant son tir pendant plus d’une heure ; le tout en vue de l’enlèvement d’un seul poste, le G. C. TISSOT. Il voulait obtenir un succès assuré et y a mis le prix.

Du côté de la défense, le principal moyen d’action prévu par les consignes de Secteur : l’évacuation des G. C. BOUSSAT, TISSOT, etc, pris sous le bombardement, n’a pu être mis en œuvre, il n’a pas été possible de faire le vide devant le stosstrupp dont l’action était imminente ; le tir de l’artillerie ennemie battait trop violemment le terrain environnant, s’étendant jusqu’aux unités de réserve de la Cie. Les garnisons des G. C. sont restées sur place.

Aussitôt après la levée de l’engagement ennemi, la Cie de réserve du C. R., déjà alertée et reliée par patrouilles, a lancé sur le terrain des reconnaissances utiles, et a assuré le rétablissement de notre ligne de surveillance.
L’artillerie a prêté son concours dans toute la mesure prévue ; malgré la disparition de toutes les liaisons du P. C. de Cie, les signaux émis par la première ligne et par les observatoires ont suffi à déclencher les tirs dès 18h 45.
Les consommations de munitions assez importantes auront au moins eu le résultat d’opérer dans les lignes adverses des destructions sérieuses, en face de notre P. A. bombardé et dans les P. A. immédiatement voisins.
Ce coup de main, d’après les dossiers du Secteur n’est pas le premier qui ait été exécuté dans la région de l’H. W. K. Les emplacements occupés par notre ligne de surveillance, situés sur une pente bien vue par l’ennemi, de divers points, et à laquelle nous ne pouvons pas facilement accéder en plein jour, dans un terrain chaotique et parsemé de fragments de tranchées à demi comblées, d’abris vides, sont, en effet faciles à attaquer, soit par surprise, soit avec action de minen.
Si le coup de main peut être prévu, avant qu’un bombardement interdise les déplacements, les garnisons se déroberont, mais l’initiative de ce mouvement, d’après les ordres antérieurement reçus du Général Commandant l’armée, revient au Commandant du S/Secteur. L’incident actuel montre, avec la lenteur des liaisons, qu’il faut, pour exécuter cette prescription, prévoir un temps considérable. Il semble nécessaire de prévoir que l’ordre d’évacuation puisse être donné par le Chef de Bataillon et même par le Commandant de la Cie, qui rendront compte afin de gagner du temps.

Mais, dans tous les cas, où l’attaque n’aura pas été prévue, l’écrasement et l’enlèvement de la garnison d’un poste est toujours à craindre au H. W. K. quand l’Allemand aura besoin de se procurer un petit succès local, acheté à grand frais d’artillerie.

Nos postes, dans une situation un peu délicate, conservent le terrain où nos prédécesseurs ont glorieusement combattu ; tous dans la D. I., s’en rendent compte et acceptent de plein cœur la charge de garder ce lambeau du champ de bataille.

Le Général DAUVE
Commandant provisoirement la 1ère D. I.



Source SHD Cote 24 N 18
Merci à LS pour la transcription

lundi 17 janvier 2011

Vestiges et Souvenirs de Guerre


C'est un devoir pour les anciens combattants de veiller attentivement à la sauvegarde des vestiges et souvenirs de guerre. Plus le temps passe, plus on s'éloigne des jours terribles, et plus ceux qui, pour des raisons diverses, tiennent à ce qu'on oublie ces jours, s'efforcent à. en dissimuler les traces.

Le Parlement et le Gouvernement ont compris l'impérieuse nécessité où ils étaient de faire l'effort né­cessaire afin de sauver les souvenirs encore existants de la grande guerre. Un certain nombre d'incidents pénibles avaient prouvé il y a deux ans environ qu'il était grand temps d'aviser. De véritables bandes de pil­lards exploitaient systématiquement les champs de bataille. Par suite du défaut de surveillance, elles ramas­saient les matériaux abandonnés, câ­bles télégraphiques ou téléphoniques, douilles à obus, tôles ondulées, char­pentes, vieux affûts de canons, fils de fer barbelés. Elles en chargeaient des camions automobiles, ramenaient à Paris leur butin et le vendaient à des fondeurs ou à des brocanteurs.

Si les uns volaient, les autres pro­fanaient.

On n'a pas oublié l'odieux spec­tacle donné par ces individus qui osèrent sabler le champagne et dan­ser au sommet de l'Hartmannswillerkopf.

C'est en 1917 que fut institué, pour la première fois auprès de l’administration des Beaux-arts, une « Com­mission des vestiges et souvenirs de guerre », composée de représentants des ministères de la Guerre, des Beaux-Arts, des Travaux publics et des Régions libérées pour examiner les conditions de classement et de conservation des vestiges de guerre.

Cette commission fit procéder en juin 1917, par deux délégués, à une première reconnaissance des organi­sations situées dans les régions de l'Oise et de la Somme qui venaient d'être évacuées. Les rapports présen­tés par les délégués à la suite de leurs reconnaissances furent exami­nés par la Commission qui estima que beaucoup de vestiges ne pouvaient, malgré leur intérêt au point de vue éducatif et historique, être conservés.

« Ce serait en effet, concluait-elle, empêcher la reconstruction des villages et des grandes fermes sur leur emplacement primitif, ce serait pri­ver l'agriculture de vastes terrains fertiles. En outre, l'acquisition de ces villages ou terrains coûterait très cher et l'entretien en état des organisations existantes grèverait lourdement le budget annuel des mo­numents historiques, la plupart de ces organisations étant constituées par des matériaux périssables. »

La commission décida en consé­quence de ne proposer que le classe­ment d'un petit nombre d'organisations d'ensemble particulièrement typiques, et, pour les autres, d'en perpétuer le souvenir par une simple documentation graphique et photo­graphique aussi complète que possi­ble. L'administration des Beaux­-Arts commença aussitôt à réunir cette documentation.

Après la victoire et l'armistice, on fit un effort sérieux pour achever le classement des souvenirs de guerre et assurer les mesures de protection provisoire. Des circulaires précises furent envoyées aux préfets par l'ad­ministration et à la fin de 1921, un projet de loi dont je fus le rappor­teur fut voté par la Chambre.

En principe, ce texte applique aux vestiges de guerre les prescriptions de la loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques sous réserve de certaines dispositions complémen­taires « en raison de la nature spé­ciale des souvenirs à conserver. »

La loi de 1913 par exemple n'ad­mettait pas le classement tempo­raire. Au contraire, l'article 5 du projet de loi voté par la chambre permet le classement pour une durée limitée, sous réserve d'une indemnité allouée au propriétaire, de certains vestiges de lieux de combat, tels qu'entonnoirs de mines, sapes, tran­chées, etc., qui se dégradent rapi­dement depuis qu'ils ne sont plus entretenus. Mieux, on a décidé de classer non seulement les vestiges, mais encore les chemins permettant d'y accéder.

J'ai établi une liste aussi complète que possible des vestiges de guerre à classer et l'ai annexée à mon rap­port. Je ne veux signaler ici que les points les plus typiques : la butte de Warlemont, le Labyrinthe (Neuville-Saint-Vaast) dans le Pas-de-Ca­lais, le ravin de Maurepas, le château et le parc de Tilloloy, le château de Thiepval, dans la Somme ; le Plémon et le Plessier de Roye, dans l'Oise ; la cote 108, près de Berry-au-Bac, la cote 204, près de Château-Thierry, le plateau de Laffaux, Coucy-le-Château, dans l'Aisne ; la région des Monts de Champagne, dans la Marne ; la tranchée de Calonne, la butte de Vauquois, la crête des Eparges, le plateau Sainte-Anne, près de Clermont en Argonne, les forts de Ver­dun, Cumières et la côte de l'Oie, le Mort-Homme, le bois d'Ailly, Apremont (village et forêt), Montfaucon, dans la Meuse ; le Bois-le-Prêtre (Quart en réserve, la Fontaine et la maison du Père Hilarion), le Xon et le plateau de Vittonville, le bois de Mort-Mare, le bivouac des Fonds de Vaux, près de Limey, dans la Meurthe-et-Moselle ; la Montagne et la Roche d'Ormont, l'ouvrage duMont-Pelé (forêt de Senones), dans les Vosges ; l'Hartmannswillerkopf, en Alsace.

Ces vestiges, grâce à la loi nou­velle, seront sauvegardés.. Mais que les combattants n'oublient jamais que leur devoir strict est de défendre de toutes leurs forces contre toute atteinte ces lieux sacrés où tombè­rent leurs frères d'armes.

André FRIBOURG.


Source : l’Almanach du combattant 1924
Merci à Jean-Claude Poncet